Lasagne alla bolognese

Restons en Italie – le pays le plus près de mon cœur malgré Berluskozy.
Les lasagnes, c’est aussi un plat à construire avec des briques (lasagne) et du ciment (ragu bolognese + béchamel + fromages). Les Italiens sont de grands constructeurs.

C’est un plat qui demande pas mal de boulot, donc autant en faire trop, surtout qu’il supporte très bien le réchauffement (et la congélation pour le ragu). Mes proportions habituelles valent pour 10-12 personnes et un grand plat qui occupera tout votre four (40 cm) d’une épaisseur de 7-8 cm (il faut pouvoir y déposer 3 couches, ça fait riche et plus moelleux).

1) La pasta

3 à 400 g de lasagnes précuites (sur un paquet de 500 g)

2) Le ragu bolognese

  • 2 boîtes et demie de tomates pelées
  • 2 oignons émincés
  • 2 gousses d’ail
  • 1 kg de bœuf haché gros (pour pas avoir à émietter la viande agglomérée)
  • 300 g de chair à saucisse (ça, ça s’agglomère dur, faut la traquer pendant la cuisson)
  • Une carotte et du céleri branche, si vous en avez qui traînent.
  • Des herbes, origan conseillé.
  • Un chouia de vin blanc ou rouge
  • Ce que voulez, du moment que c’est dicté par l’amour (muscade, cannelle, piment...)
La procédure est classique : oignons et ail à faire revenir dans l’huile (d’olive bien entendu). On ajoute la viande qu’on laisse maronner sans caraméliser, puis le vin qui va s’évaporer.
Utilisez un chaudron en hauteur, car le jus de tomates a une fâcheuse tendance à se projeter en cuisant, donc à maculer l’environnement...

Maintenant, les tomates. Elles ne sont pas toutes bien pelées, il faut donc y mettre la main pour enlever les peaux qui ont échappé à la machine. Videz les boîtes dans un plat et hachez grossièrement les olivettes, elles se mettront mieux en couche au moment de la « construction ».

Cette mixture appelle les compléments : sel, poivre, piment, herbes, carottes et céleri (coupés en tout petits dés) et doit mijoter pas si longtemps que ça (une petite heure). En tout cas, elle doit rester bien liquide.

3) La béchamel

  • 1,5 l de lait
  • 120 g de farine
  • 120 g de beurre.
  • Sel, poivre, un peu de muscade en poudre

On fait cuire beurre et farine en travaillant de la spatule jusqu’à ce que ça fasse un empois qui dégage une odeur de biscuit. Pendant ce temps, on fait chauffer le lait. Quand il est prêt à bouillir, on inonde l’empois, hors du feu, avec les trois-quarts de son volume, en fouettant le mélange pour bien disperser les grains d’amidon de la farine. On remet sur le feu. A la première ébullition (qui advient très rapidement puisque le lait est très chaud), la sauce prend. Du restant de lait, on ajoute de quoi obtenir la bonne consistance – très liquide pour les lasagnes.

Je me suis enquiquiné avec la béchamel pendant des années (faut rester devant et tourner, tourner avec la cuillère en bois, et n’empêche, ça colle au fond de la casserole jusqu’à donner un goût de brulé à toute la sauce si on pense à autre chose – à son texte en cours, par exemple – et après, bonjour le nettoyage du fond de casserole !), jusqu’à ce que je découvre un truc tout bête dans l’Encyclopédie Pratique Larousse, édition de 1967 : faire chauffer le lait avant ! C’est rapide et ça n’attache pas.

Mais j’ai découvert un autre truc (inavouable) pour les jours de bourre ou de grande fatigue : on trouve de la béchamel toute faite qui, ma foi, ne gâte pas le plat, donc ni vu ni connu. Si elle semble trop épaisse, on ajoute un peu de lait.

4) Les fromages

  • 150 g de parmesan râpé
  • 150 g de pecorino (fromage de brebis)
  • 100 g de mozzarelle (si possible de buffle, la vraie, la napolitaine).

Vous avez tous les matériaux.
Huilez le plat et installez une première couche de bolo(gnese), puis :

Une couche de pâtes.
Une couche de bolo.
Une couche de béchamel
Une couche de parmesan-pecorino.

Il en faut 3 comme ça.
La dernière couche de parmesan-pecorino sera plus abondante, elle devra recouvrir jusqu’aux quatre coins.

Parsemez de mozarelle coupée en petits morceaux – mozza de buffle, ça coûte 2 € au lieu de 1 €, mais c’est mathématiquement infiniment meilleur puisque le goût de la mozza ordinaire = 0.

Enfournez à 220 une demi-heure, trois-quarts d’heure (jusqu’à ce que ce soit doré).
Vous aurez préparé tout ça le midi pour le soir. Réchauffez-le avant de servir, à 180, en prenant soin de le protéger avec une feuille d’alu pour éviter que ça ne crame sur le dessus.

4 secrets de polichinelle pour des lasagnes irrésistibles :
1) Faire une bolo et une béchamel bien liquides
2) Mélanger les viandes (on peut aussi mettre du veau haché, mais on n’en trouve pas facilement en France, sauf surgelé, chez Picard)
3) Mélanger les fromages (un peu de gruyère ne fait pas de mal)
4) Les servir fraîches (tant pis si elles se tiennent mal), du jour même. Le lendemain, elles seront encore délicieuses, mais moins moelleuses.


Vous pouvez faire plus de ragù et le congeler pour de prochaines lasagnes. Vous pouvez aussi sans dommage congeler une part de lasagnes, à condition de la décongeler en 2 temps : d’abord en position décongélation, puis quelques minutes à mi-puissance.  Et il faut la couvrir, bien entendu.